C'était l'incontournable ballade de l'après-midi du Jour du Seigneur lorsque nous étions au pensionnat. Nous y allions en traînant les pieds et en rang par deux.
Cette promenade dans les rues désertes de la commune, puis sur les routes de campagnes écrasées de soleil, était d'une monotonie sans fin.
'Plus solide que l'ennui' aurait dit Monsieur Jacques Brel.
'Les promenades du dimanche à l'internat durant sa scolarité, on s'en souvient toute sa vie' a dit la chanteuse Régine.
Tout pensionnaire a toujours détesté ce moment. Pourtant, paradoxe, cette sortie nous l'attendions ? Elle nous permettait de voir l'horizon par-dessus les hauts murs de l'école. C'était une porte qui s'ouvrait vers un peu de liberté pour les élèves qui n'était pas externes.
La journée du dimanche était interminable au pensionnat : étude et récréation le matin, promenade et étude l'après-midi, puis étude à nouveau après le repas du soir.
Nous avions l'autorisation de nous lever une heure plus tard : 7 h 30 au lieu de 6 h 30, et autre changement, nous avions une fois par mois des frites au repas du midi (avant la promenade !).
Le temps était souvent long au pensionnat car en dehors des programmes, il n'y avait pas d'activités loisirs. Lorsqu'il n'y avait pas de cours, c'était la cour de récréation ou la salle d'étude.
L'installation des premières télévisions (une chaîne en noir et blanc) dans les pensionnats allait bouleverser notre planning hebdomadaire. Nous allions regarder 'La Piste aux Etoiles' animée par Roger Lanzac, le mercredi soir.
Les plus veinards d'entre nous rentraient chez eux tous les quinze jours, d'autres tous les mois et enfin d'autres encore à la fin de chaque trimestre. Ces derniers passaient les vacances de Toussaints ou du Mardi-gras à l'école. C'était autant de journées ennuyeuses.
Le temps était long mais aussi triste en pension. Il y avait des moments très durs. Lorsque vous avez 6 ans, 7 ans, 8 ans, ... vous ne comprenez pas toujours pourquoi vous passez devant la maison de vos parents, sans pouvoir vous arrêter, à l'occasion des promenades du dimanche... ou du jeudi.
Les paroles de la chanson 'Petit Franck' de François Feldmans ont beaucoup de signification pour l'élève qui a connu le pensionnat.
Le dortoir, une immense pièce très froide, avec ses lits alignés faisait aussi partie du décor. Les nuits se déroulaient en musique, pendant que les uns ronflaient les autres sifflotaient.
Côté réfectoire (propreté douteuse : souris), des grandes tables
avec des bancs, tous les plats du jour se ressemblaient : hachis parmentier, lentilles, fayots.
La journée de la promenade scolaire à la fin du mois de juin avait des allures de délivrance pour ceux d'entre nous qui n'étaient pas rentrés souvent chez eux pendant l'année scolaire.
Cette promenade là, je l'aimais bien.