J'ai tout craché.........

"J'ai tout craché",

Voilà ce que m'a avoué E... après cinq séances intenses de confidences. "Je me sens beaucoup mieux, c'est ce qu'il me fallait faire. Je dors mieux et ne passe plus mon temps à ressasser mon passé, à essayer de comprendre le pourquoi des évènements que j'ai vécus, à définir mes responsabilités.....Pour moi, cela valait une psychanalyse. Je me sens plus légère"

Emmanuelle a tout craché. Voici, c'est ainsi qu'elle a vécu jusqu'à aujourd'hui portée par la vie, par les rencontres. Elle a pu trouver un sens à ses actes en les racontant, en a même dégagé une ligne conductrice. Pourtant c'est décidé : Elle va en inverser le cours tant qu'il est encore temps.

"Je vous tiendrai au courant. On la continuera cette biographie. Lorsque j'agirai désormais, je penserai à vous et à ce que j'aurai à vous raconter."

Je ne suis pas psychothérapeute, je me contente d'écouter. Je mets un peu d'ordre dans les souvenirs, me plonge dans cette histoire comme dans un film.

Cette fois j'ai appris ce que put être une enfance dans une société communiste.

"Votre père, dans son rôle de juge d’exécution des peines, avait beaucoup de pouvoir puisqu’il s’occupait entre autre, du recouvrement des amendes.

On l’accusa de faire trainer l’exécution des paiements et autres malversations nuisibles à l’Etat.

Il fut arrêté, auditionné et emprisonné. C’est là que nous nous sommes retrouvés.

On nous envoyait souvent le matin faire un tour avec un sac sur le dos et chacun savait que ce sac pouvait nous servir de cercueil si l’envie prenait aux dirigeants de se débarrasser de nous."

"Ma mère travaillait au Musée. J’allais régulièrement au spectacle. Mes parents ne se plaignaient pas, pourtant ma mère savait qu’elle ne deviendrait jamais la présidente du musée malgré tout le travail qu’elle fournissait. Sa condition de fille de Pope lui interdisait d’avoir un grade au dessus de celui qu’elle occupait comme Conservateur. Elle n’avait pas eu le droit de faire des études. Elle a donc travaillé dans une usine de cadrage de la laine puis dans une usine de tabac. Parallèlement elle a suivi des cours par correspondance pour étudier l’Histoire, la bibliographie et le métier d’institutrice."

J'ai appris la panique joyeuse de l'ouverture trop rapide au libéralisme.

"Une chose curieuse s’est passée, c’est l’apparition d’un business de racket des petits commerçants. Ils ont créé des sociétés d’assurance. Un représentant venait chez toi te la proposer et, si tu refusais, comme par hasard, ton magasin se trouvait saccagé le lendemain matin."

E.. a bien su analyser son désir de toujours obtenir des preuves d'amour qui ne peuvent être, à ses yeux que des demandes en mariage.

"Il n’avait pas oublié que j’aimais le champagne mais ne connaissait pas ma marque préférée. J’ai découvert toutes les marques existantes, dans le frigidaire ou sur le rebord enneigé de la fenêtre. La chambre était envahie de bouteilles. Jamais un homme ne m’avait traitée avec tant de considération ! J’ai été séduite et sans regret ! J’avais trouvé l’amour de ma vie !"

Mais il faut se méfier des grands amours....

"Si vous n’avez pas en face de vous, une personne qui éprouve une passion aussi importante, vous êtes trop malheureuse."

"Lorsque j’ai appris que j’avais un cancer, je n’ai pas été très étonnée. J’ai eu l’impression que, même s’il y avait des antécédents familiaux, la manière dont j’avais accepté de vivre ces douze dernières années avait contribué à son installation. Ce malheur fut peut-être une chance car il m’a permis de réaliser que je vivais dans un stress perpétuel, de réfléchir à ma relation impossible avec mon mari.

"J’ai envie d’une nouvelle vie. Je ne veux plus faire toujours les mêmes erreurs, essayer de sauver les gens qui ne veulent pas changer.

Je veux vivre simplement."

"Je vous tiendrai au courant. On la continuera cette biographie. Lorsque j'agirai désormais, je penserai à vous et à ce que j'aurai à vous raconter."

J'espère de tout mon coeur que la fin de ce livre sera heureuse et lui envoie toute mon affection.